Le problème de l’homme qu’on estime irremplaçable dans la vie politique se construit dans les esprits à travers le système d’organisation de nos formations politiques.
Il est rare — pour ne pas dire impossible — de trouver en Guinée des partis politiques ayant instauré des mécanismes de renouvellement régulier à la tête de leurs instances dirigeantes. Habitués à évoluer dans ce type de système, nos leaders, une fois au pouvoir, semblent avoir du mal à accepter l’idée même d’alternance.
Le constat est simple : dans nos structures politiques, les hommes sont plus puissants que l’institution. Le parti devient l’ombre du président — parfois même du président-fondateur (même si, dans le cas de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo n’en est pas le fondateur).
Dès lors, tout projet d’alternance à la tête du parti devient inenvisageable tant que le « chef naturel » est en vie. Et lorsqu’ils accèdent au pouvoir, ces leaders, adulés par leurs courtisans qui tirent avantage de leur longévité, finissent par se convaincre qu’ils sont des élus de Dieu — donc irremplaçables.
Pourtant, promouvoir l’alternance au sommet de l’État passe d’abord par son enracinement dans les partis politiques. Il faut que ceux qui aspirent à diriger la Guinée demain s’habituent dès maintenant à céder leur place après un temps, au sein même de leurs structures.
Aujourd’hui, le débat sur cette question est de plus en plus vif en Guinée. Notamment au sein de l’UFDG, dirigé par l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, qui semble s’accrocher à une logique anti-démocratique. Depuis 2007, il est à la tête du parti, sans jamais ouvrir la voie à une succession possible, même en étant en exil. Toute voix discordante est rapidement écartée, sans suivre les règles administratives, comme le veut pourtant le bon fonctionnement d’un parti.
Plus récemment, des fédéraux du parti dans certaines préfectures ont proposé de le désigner président d’honneur. Une suggestion que M. Diallo a jugée comme une faute grave. Résultat : Joachim Baba Millimono a été exclu simplement pour avoir transmis ce courrier.
Quelle démocratie ce parti prétend-il défendre, quand il exclut ceux qui proposent une transition douce et respectueuse ?
Le sort de ce parti historique doit-il dépendre d’un seul homme ?
Pour moi, la réponse est non.
À Ousmane Gaoual Diallo de poursuivre son combat pour une démocratie fondée sur les idées et non sur les hommes. Et à tous ceux qui partagent cette vision : continuez le combat, car il est noble.
Jacques Kamano, journaliste