La justice guinéenne valide la réintégration du ministre au sein de son parti d’origine
La scène politique guinéenne est une nouvelle fois secouée par une décision judiciaire à portée symbolique. Le tribunal a donné raison à Ousmane Gaoual Diallo en validant sa réintégration au sein de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), mettant ainsi un terme – du moins sur le plan légal – à un long bras de fer entre l’actuel ministre de transport et porte-parole du gouvernement et la direction du parti.
Une reconnaissance des droits politiques
C’est une décision lourde de sens pour Ousmane Gaoual Diallo, exclu de l’UFDG depuis plusieurs années pour avoir pris part à la transition pilotée par le CNRD, à l’encontre de la ligne défendue par la direction du parti. Malgré les critiques et la rupture affichée, le ministre n’a jamais renoncé à son appartenance politique. En confirmant son statut de membre, la justice lui donne raison et annule de facto les mesures disciplinaires prises contre lui.
Une claque pour la direction de l’UFDG
Du côté de la direction de l’UFDG, c’est un revers notable. La décision remet en question la légitimité des sanctions prononcées contre plusieurs cadres perçus comme ayant rallié le pouvoir en place. En ciblant spécifiquement Gaoual Diallo, cette victoire juridique fait figure de symbole dans un contexte où l’unité du parti est régulièrement mise à mal.
Cette décision pourrait également relancer les critiques autour du mode de gouvernance de l’UFDG et de la capacité de son président, Cellou Dalein Diallo, à maintenir une cohésion interne face aux défis politiques actuels.
Vers une recomposition interne ?
Reste à savoir si cette réintégration forcée débouchera sur une réelle réunification. En effet, si le droit a parlé, la réalité politique est tout autre. Rien ne dit que la direction du parti fera place à Ousmane Gaoual dans ses structures, ni que ce dernier adoptera une posture conciliante. La fracture reste profonde.
Le parti est désormais face à un dilemme : reconnaître pleinement cette décision et ouvrir la voie à une éventuelle recomposition interne, ou camper sur sa position et risquer une nouvelle crise de légitimité.
Une affaire à suivre de près
Au-delà de son cas personnel, la situation de Gaoual Diallo interroge plus largement sur la capacité des partis guinéens à tolérer la diversité des opinions, surtout en période de transition. À l’approche des prochaines échéances électorales, cette affaire pourrait bien devenir un révélateur des tensions profondes qui traversent l’opposition.
M Diallo
Ci-dessous la décision:
Audience du 23 Mai 2025
Affaire : Monsieur Ousmane Gaoual DIALLO
CONTRE
L’UNION DES FORCES DEMOCRATIQUES DE GUINEE
(U.F.D.G)
LE TRIBUNAL DE PREMIÈRE INSTANCE DE DIXINN
« Statuant publiquement, Contradictoirement en matière civile et en premier ressort ;
Après en avoir délibéré :
EN LA FORME : rejette l’exception de nullité de l’assignation et la fin de non-recevoir soulevées par le défendeur ;
Déclare l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), représentée par Monsieur Fodé Oussou FOFANA, recevable en son action et Monsieur Ousmane Gaoual DIALLO en sa demande reconventionnelle ;
AU FOND : dit l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) représentée par Monsieur Fodé Oussou FOFANA mal fondée et Ousmane Gaoual DIALLO, partiellement bien fondé ;
- Constate la violation par le parti Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) des statuts et règlement intérieur dudit parti :
- Constate l’acte d’exclusion du défendeur Monsieur Ousmane Gaoual DIALLO en date du 1er juin 2022 ;
EN CONSEQUENCE :
-Déboute la demanderesse Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) de l’ensemble de ses prétentions ;
– Restitue au jugement N◦193 en date du 19 Juillet 2024 ses pleins effets ;
– Autorise en outre la poursuite des activités du parti Union des Forces Démocratiques de Guinée(UFDG) notamment, la tenue de son congrès ;
– Dit n’y avoir lieu à exécution provisoire de la présente décision.
– Met les dépens à la charge de la demanderesse UFDG ;
En application des dispositions des articles 11, 12 et suivants des Statuts, 53 al 3, 40, 45 et suivants du Règlement Intérieur du Parti Union des Forces Démocratiques de Guinée, 1091 du Code Civil, 9, 45, 687, 235 du Code de Procédure Civile, Économique et Administrative ».