Conakry, 23 juin 2025 – Après plusieurs jours de silence, Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Guinée, s’est exprimé ce week-end dans un message émouvant publié sur ses réseaux sociaux. Victime d’une agression dont les circonstances restent encore floues, l’avocat a annoncé sa décision de faire une pause dans ses interventions publiques, invoquant le respect dû à sa famille et aux siens.
Dans sa déclaration, Me Traoré revient sur les sévices physiques et moraux qu’il a subis, tout en exprimant sa profonde gratitude pour les nombreux soutiens reçus de la part de citoyens, confrères, proches et anonymes. « En dépit des sévices que j’ai subis, je parviens à recouvrer ma santé grâce à mes médecins et surtout grâce à votre soutien moral », écrit-il.
L’avocat dénonce également une volonté manifeste de le briser moralement en raison de ses prises de position publiques. « Je savais que j’étais dans la ligne de mire de certains à cause de mes prises de position. Mais au fond de moi, je ne pensais commettre aucun crime en m’exprimant sur la conduite des affaires de mon pays, comme cela est permis à tout citoyen », explique-t-il.
Très affecté par les conséquences de cette agression sur sa famille, Me Traoré évoque un moment particulièrement douloureux : sa fille aînée giflée par un de ses ravisseurs, sous les yeux impuissants de ses proches. « J’ai compris que je les mettais en danger sans qu’ils n’aient eux-mêmes cherché cela », confesse-t-il, le ton grave.
Dans ce contexte, il annonce sa décision de se retirer temporairement de l’espace public : « Je voudrais donc faire une pause par respect pour ma famille et mes amis qui insistent pour que je fasse comme tout le monde ».
Ce message, empreint de dignité, de foi et de retenue, témoigne d’un homme blessé mais debout, guidé par ses convictions religieuses. « Le destin n’appartient qu’à Dieu », écrit-il, citant à plusieurs reprises sa confiance en Allah comme force de résilience face à l’adversité.
Son épouse est également saluée pour son courage dans l’épreuve. « Elle a fait preuve d’une sérénité insoupçonnée pour gérer la situation et a même eu le temps de faire deux rakats pour implorer la protection divine », souligne-t-il avec émotion.
Alors que le climat politique et social reste tendu en Guinée, cette prise de parole remet en lumière les risques auxquels sont confrontés certains défenseurs de la liberté d’expression et de l’État de droit.
Maciré Conté