Conakry, 23 juin 2025 – Nouvelle secousse dans le processus de transition en Guinée. Le Barreau de Guinée a annoncé ce lundi son retrait immédiat des organes de la transition et un boycott total des audiences judiciaires pendant deux semaines. La décision a été adoptée à l’unanimité lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry.
Cette mesure radicale intervient dans un climat de vive tension, suite à l’enlèvement de Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier et figure emblématique du monde judiciaire guinéen. Disparu le week-end dernier dans des circonstances encore non élucidées, l’ex-président du Conseil de l’Ordre, connu pour son engagement en faveur de l’État de droit, était également membre du Conseil national de transition (CNT).
Un acte perçu comme une atteinte grave aux droits fondamentaux
Dans sa déclaration, le Barreau de Guinée a dénoncé ce qu’il qualifie de « dérive inacceptable » et de « violation grave des droits et libertés fondamentaux ». Les avocats estiment que cet enlèvement constitue une menace directe pour l’indépendance de la justice et l’intégrité du processus de transition en cours. « Par cette action, nous exprimons notre profonde indignation et notre exigence de vérité et de justice », a martelé un représentant du Barreau à l’issue de l’assemblée.
Un boycott qui paralyse temporairement le système judiciaire
En plus de se retirer des organes de la transition, les avocats ont annoncé qu’ils suspendront leur participation à toutes les audiences judiciaires sur l’ensemble du territoire national pendant deux semaines. Une décision qui risque de paralyser partiellement le fonctionnement des juridictions.
Cette crise intervient alors que la Guinée est engagée dans une délicate transition politique censée ramener le pays à un ordre constitutionnel normal.
Ibrahima Sory II Keita