Conakry, le 5 juillet 2025 — Le débat sur la place des langues nationales dans le projet de nouvelle Constitution guinéenne continue de susciter de vives réactions. Face à certaines opinions réclamant l’imposition d’une langue nationale unique, le juriste Sayon Mara apporte un éclairage factuel et rappelle que dans des pays voisins comme le Mali et le Sénégal, aucune langue n’a été imposée par la loi.
Le poids démographique, un facteur d’usage naturel
« Ni la loi ni la force n’imposent une langue. Une langue s’impose d’elle-même par son usage », affirme Sayon Mara. Au Sénégal, le Wolof s’est imposé comme langue la plus parlée du pays non par décret, mais du fait que les Wolofs représentent environ 43% de la population. De la même manière, au Mali, le Bambara s’est généralisé car les Bambaras constituent environ 35% des habitants.
Cependant, précise-t-il, dans ces deux pays, plusieurs langues nationales sont reconnues officiellement. Au Sénégal, aux côtés du Wolof, figurent le Diola, le Malinké, le Pular, le Sérère et le Soninké. Au Mali, outre le Bambara, sont également reconnues le Peul, le Dogon, le Songhaï, le Sénoufo, le Touareg, le Malinké et bien d’autres.
Pas d’imposition dans les Constitutions voisines
Sayon Mara invite les partisans de l’imposition d’une langue nationale unique en Guinée à « mieux s’informer ». « Ni au Sénégal ni au Mali, aucune langue n’est imposée par la loi comme langue nationale unique », insiste-t-il. Selon lui, la meilleure manière de promouvoir les langues nationales est de favoriser leur usage, leur enseignement et leur valorisation culturelle, sans recourir à des obligations juridiques qui risquent de créer des tensions.
Compétition naturelle et promotion intelligente
Dans son argumentaire, le juriste souligne que l’avenir des langues repose davantage sur leur vitalité dans l’éducation, les médias et les échanges quotidiens que sur des textes de loi. Il prône ainsi une approche inclusive et pragmatique de la politique linguistique, fondée sur la concurrence naturelle et le mérite des langues dans l’espace public.
Alors que l’article 5 du projet de Constitution guinéenne continue d’alimenter les débats, cette mise au point rappelle que la question linguistique mérite d’être abordée avec rigueur, responsabilité et respect de la diversité culturelle du pays.
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