Depuis hier mardi 15 juillet 2025, un extrait vidéo du sermon de l’imam Abdoul Hamid fait le tour des réseaux sociaux. Dans cet enregistrement, le prédicateur évoque certaines pratiques sociales qu’il dit observer chez des ressortissants de Labé. Une déclaration qui a provoqué une vague d’indignation, notamment chez plusieurs personnes originaires de cette préfecture, se sentant stigmatisées, voire insultées.
Mais faut-il pour autant crier à l’offense et déclencher une tempête médiatique ? Il convient de replacer les propos dans leur contexte.
Une opinion ancrée dans une réalité sociologique ?
Loin d’un discours de haine, les paroles de l’imam Abdoul Hamid s’apparentent davantage à une interpellation sur des dérives sociales. À aucun moment, il n’a procédé à une généralisation ou à une condamnation globale des habitants de Labé. Il a, au contraire, dénoncé des comportements qu’il dit observer de manière plus fréquente dans certains cercles : hypocrisie, trahison, double langage. Des maux, faut-il le rappeler, présents partout en Guinée comme ailleurs.
L’analyse sociale ou morale ne saurait être interdite sous prétexte qu’elle touche une communauté donnée. D’ailleurs, d’autres localités du pays sont depuis longtemps victimes de stéréotypes sans que cela n’ait provoqué une levée de boucliers comparable :
Télimélé, souvent présentée comme un bastion spirituel, a longtemps subi le cliché de « jeteurs de sorts », allant jusqu’à voir certains mariages refusés pour cette seule réputation.
Mamou, surnommée à tort « la ville des voleurs », n’a jamais organisé de campagnes de protestation nationale pour rétablir son image.
Pita, étiquetée comme étant « la ville des bagarreurs », a appris à vivre avec cette caricature sociale.
Alors pourquoi Labé devrait-elle être à ce point intouchable, au point de refuser toute forme de critique, même interne ?
Critique ou stigmatisation ?
L’imam Abdoul Hamid n’a pas tenu un propos haineux ni discriminatoire. Il a soulevé un sujet sensible, avec sans doute une franchise qui dérange, mais qui mérite d’être entendu. Ce type de rappel, venant d’un religieux, devrait au contraire ouvrir un espace de réflexion et d’introspection.
Plutôt que de s’enflammer et de verser dans des débats passionnés, n’est-il pas plus utile de saisir cette occasion pour entamer une remise en question constructive, tant sur le plan individuel que collectif ? La maturité sociale se mesure aussi à notre capacité à encaisser la critique, surtout lorsqu’elle vient de nos propres rangs.
Vers une société plus tolérante à la critique
Le réflexe défensif, lorsqu’il devient systématique, empêche toute forme de progrès. Aucune communauté ne doit s’ériger en entité sacrée à l’abri du débat ou de l’observation critique. Refuser d’entendre certaines vérités, fussent-elles dérangeantes, c’est se condamner à l’immobilisme.
En définitive, ce sermon de l’imam Abdoul Hamid ne devrait pas être vu comme une attaque, mais comme une opportunité de dialogue. Un appel à s’interroger sur nos comportements, loin des susceptibilités régionales. Car la grandeur d’une communauté se mesure aussi à sa capacité d’autocritique.
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