Ouagadougou, 18 juillet 2025 – C’est un soupir de soulagement pour le monde des médias au Burkina Faso. Les journalistes Boukari Ouoba et Luc Pagbelguem, dont la disparition avait suscité une vive inquiétude au sein des organisations de presse et de défense des droits humains, ont été libérés dans la nuit du jeudi 17 juillet, comme l’a confirmé la chaîne BF1, employeur de Luc Pagbelguem. « Il est de retour parmi nous depuis la nuit du jeudi 17 juillet », a publié la télévision privée BF1 sur sa page Facebook, ce vendredi matin.
Contexte de leur disparition
Les deux journalistes avaient été portés disparus il y a plusieurs jours dans des circonstances troubles. Leur enlèvement présumé avait soulevé une vague de protestations au Burkina Faso et dans la sous-région, notamment de la part d’organisations telles que le Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ) et Reporters sans frontières (RSF).
Des voix se sont élevées pour exiger leur libération immédiate et sans condition, dénonçant un climat de plus en plus répressif à l’égard de la liberté de la presse dans le pays, notamment sous le régime militaire en place depuis le coup d’État de 2022.
Libération sans charges formelles
Jusqu’à présent, aucune charge officielle n’a été communiquée à leur encontre, ni les circonstances exactes de leur détention. Cette opacité nourrit les spéculations sur des arrestations extra-judiciaires motivées par leurs activités journalistiques.
Le retour des deux journalistes est toutefois salué par leurs familles, leurs confrères et les défenseurs de la liberté d’expression.
Réactions et appels à la vigilance
Plusieurs organisations professionnelles et ONG internationales continuent d’exiger des garanties de sécurité pour les journalistes au Burkina Faso, un pays confronté à une instabilité sécuritaire et politique persistante.
« Nous saluons leur libération mais restons vigilants. Aucune démocratie ne peut prospérer sans une presse libre et indépendante », a déclaré un responsable de RSF pour l’Afrique de l’Ouest.
Une situation préoccupante pour la presse
Le Burkina Faso, autrefois considéré comme un exemple en matière de liberté de la presse en Afrique de l’Ouest, est désormais classé parmi les pays les plus dangereux pour les journalistes, selon les derniers rapports de RSF.
Plusieurs médias ont vu leurs programmes suspendus, et des journalistes sont régulièrement intimidés, convoqués ou arrêtés pour leurs reportages jugés critiques envers les autorités.
La libération de Boukari Ouoba et Luc Pagbelguem est une bonne nouvelle, mais elle ne doit pas occulter la réalité d’un climat médiatique de plus en plus hostile. La communauté nationale et internationale reste en alerte.
Ibrahima Sory II Keita