Mali (Guinée)-Nichée aux confins septentrionaux de la Moyenne-Guinée, à la frontière avec le Sénégal, la préfecture de Mali incarne un pan méconnu mais fascinant du patrimoine guinéen. Avec ses 9 700 km² de superficie, ses hauts plateaux, ses forêts classées et ses sites légendaires, cette région conjugue richesses naturelles, diversité culturelle et mémoire historique.
Un territoire à la croisée des peuples et des cultures
Longtemps terre d’accueil et de migration, la région fut d’abord occupée par les Djallonkés, agriculteurs sédentaires, avant d’être rejointe dès le XVIᵉ siècle par des éleveurs peuls non islamisés, connus localement sous le nom de « Poulis ». Ce métissage a façonné l’identité de Mali, marquée par les grands épisodes de l’histoire du Fouta-Djallon.
La bataille de Talansan, en 1725, fut l’un des moments décisifs : elle opposa les populations animistes coalisées aux chefs religieux peuls venus étendre l’influence de l’Islam. Bien avant ces événements, la région a accueilli des familles issues des grands royaumes en déclin d’Afrique de l’Ouest, notamment du Sosso de Soumangourou Kanté ou encore du Songhaï.
Aujourd’hui, les Peuls représentent près de 90 % de la population, et le Pular est la langue la plus parlée. Toutefois, les Djallonkés, Sarakolés et Diakhankés perpétuent leurs traditions dans certaines localités, témoignant de la richesse humaine et culturelle de la région.
Le Mont Loura et la Dame de Mali : symboles d’une terre fière
Au nord de la ville de Mali, le Mont Loura s’élève majestueusement à 1 515 mètres, point culminant du Fouta-Djallon. C’est là que veille, depuis des siècles, la mystérieuse Dame de Mali, une formation rocheuse dont les traits sculptés par l’érosion rappellent le visage d’une femme. Les habitants y voient une sentinelle protectrice, affectueusement surnommée « Néné Fouta ».
À ses côtés, un autre visage est récemment apparu dans le paysage : le Sage de Mali, orienté vers l’est, qui semble prier silencieusement pour la prospérité de la région.
Un potentiel touristique sous-exploité
Mali regorge de sites naturels et historiques dignes des plus belles destinations touristiques d’Afrique de l’Ouest :
Les chutes de Tantou, véritable écrin de fraîcheur à Gayah ;
Les grottes sacrées de Madina Kouta et de Ouyouka, refuges historiques et lieux de culte ;
Le haut fourneau de Gayah, témoin du génie métallurgique traditionnel ;
Les pics de Péténalé et de Somdomoly, offrant des panoramas à couper le souffle sur les plaines sénégalaises et les vallées du Fouta.
À cela s’ajoutent des forêts classées, des puits ancestraux, des villages d’artisans tisserands et teinturiers, autant d’éléments qui composent un patrimoine unique encore peu valorisé sur le plan touristique.
Entre traditions et défis contemporains
Réputée par le passé comme l’une des préfectures les plus productrices d’intellectuels en Guinée, Mali connaît aujourd’hui des difficultés similaires à celles du reste du pays : vétusté des infrastructures éducatives, rareté des équipements de base et démotivation des jeunes face à un système scolaire en crise.
Pourtant, le potentiel de cette région est indéniable, tant sur le plan culturel qu’économique. Son ouverture sur le Sénégal, ses terres fertiles et ses ressources naturelles offrent des perspectives intéressantes pour le développement local, à condition d’investir durablement dans l’éducation, le tourisme et les infrastructures.
Mali, un territoire d’avenir ?
Entre montagnes majestueuses, mémoire ancestrale et hospitalité légendaire, Mali continue d’incarner l’âme du Fouta-Djallon. À l’heure où la Guinée cherche à valoriser ses atouts pour relancer son développement, la préfecture de Mali apparaît comme l’un des joyaux encore trop méconnus du pays, mais porteur d’un avenir prometteur.
Louramedia.com au cœur de l’histoire de la préfecture de Mali