Alors que la Guinée se prépare à un référendum constitutionnel historique, les fractures s’élargissent et les postures se durcissent. Le projet de Constitution rendu public le 30 juin 2025 ne mérite ni adhésion aveugle ni rejet automatique, il exige une lecture lucide, critique et responsable.
Les déclarations de l’Alliance pour l’alternance et la démocratie (ANAD) et des Forces Vives de Guinée (FVG), bien que légitimes dans leurs préoccupations, illustrent les limites d’un débat politique prisonnier du réflexe d’opposition. Pourtant, la maturité républicaine n’émerge pas des dénonciations, mais des compromis durables.
« Il n’y a pas de démocratie sans adversaires, mais il n’y en a pas non plus sans dialogue », disait Norbert Elias.
Le texte proposé consacre des principes essentiels : la limitation des mandats, le pluralisme politique, la laïcité, la séparation des pouvoirs, les droits sociaux élargis, la création d’organes de contrôle et d’inclusion. Il est perfectible, certes, mais il constitue une base sur laquelle bâtir, plutôt qu’un mur à abattre.
L’article 46 de la charte de la transition, absent des dispositions transitoires du projet de constitution, cristallise l’inquiétude. Mais une démocratie ne peut se résumer à une clause. Elle se mesure à sa capacité d’évoluer et de se protéger par ses propres mécanismes. La politique de l’anathème perpétuel fragilise notre cohésion nationale et détourne les élites de leurs véritables responsabilités.
Il est temps que les acteurs politiques guinéens se départissent de leurs antagonismes partisans pour embrasser l’intérêt supérieur de la Nation. Car si les engagements sont sincères envers le peuple, alors le compromis devient non pas faiblesse, mais vertu démocratique.
Comme le disait Aimé Césaire : « Là où règne le ressentiment, la République recule. Là où naît le compromis, la paix avance. »
Le moment est venu de voter non pour un homme, mais pour des principes, de soutenir non une aventure, mais une architecture républicaine. De dire OUI à la nouvelle CONSTITUTION, non pour plaire, mais pour grandir.
La Guinée n’a pas besoin de héros tribaux ou de slogans martyrs. Elle a besoin d’élites capables de renoncer à la surenchère, de transcender les clivages, et de poser ensemble la pierre d’une République apaisée, exigeante et inclusive.
« L’éthique en politique commence là où l’ambition se met au service de l’intérêt collectif. » – John Rawls
Joachim Baba Millimouno
Membre fondateur du Mouvement des Réformateurs de l’UFDG
Coordinateur du Mouvement citoyen Mon Choix