Dans cette tribune, Mohamed Banks Bangoura, membre du CERAG-UFDG, répond à la sortie d’Abdoul Karim Diallo sur la possible réintégration d’Ousmane Gaoual Diallo. Il plaide pour une UFDG ouverte, fidèle à ses valeurs fondatrices, et capable de se renouveler dans l’intérêt de la lutte démocratique en Guinée.
L’UFDG ne doit pas devenir la propriété d’un homme, mais rester fidèle à ses principes fondateurs. C’est avec étonnement et un sentiment de profond désaccord que j’ai pris connaissance de la déclaration de M.
Abdoul Karim Diallo, ancien Fédéral de l’UFDG au Royaume-Uni, à propos d’un possible retour de M. Ousmane Gaoual Diallo dans les rangs de l’UFDG. Sa sortie, marquée par une virulence excessive et une subjectivité inquiétante, appelle une mise au point formelle et respectueuse, au nom de la vérité, de l’équité, et de la mémoire politique collective.
Un militantisme de conviction ne s’efface pas par des postures
Avant toute chose, il est utile de rappeler que M. Ousmane Gaoual Diallo n’a pas à prouver sa loyauté envers l’UFDG. Il fait partie de ces cadres qui, au prix de leur liberté, ont assumé la défense publique de la cause démocratique guinéenne. Arrêté, emprisonné, diffamé, il est resté debout là où beaucoup pliaient. Son engagement ne s’est pas bâti sur des apparitions sporadiques ou des communiqués en ligne, mais sur des années de lutte de terrain, de sacrifices personnels et de fidélité aux idéaux qui ont fondé ce parti.
Qualifier aujourd’hui son retour de « trahison » ou « d’infamie » relève non seulement d’une méconnaissance de l’histoire récente du parti, mais aussi d’une mauvaise foi manifeste.
L’UFDG n’est pas la propriété de Cellou Dalein Diallo, encore moins d’un clan.
Il faut ici être clair : l’UFDG n’appartient pas à Cellou Dalein Diallo.
Son nom ne figure nulle part dans le statut du parti.
Ceux qui confondent loyauté au leader avec fidélité aux textes fondateurs commettent une erreur fondamentale.
La vraie loyauté, c’est celle qui s’adresse au projet de société, aux statuts, aux principes démocratiques qui ont présidé à la naissance de l’UFDG.
Il convient de rappeler que le président fondateur, feu El Hadj Bâ Mamadou, a eu l’intelligence et l’élégance politiques de passer le flambeau à Cellou Dalein Diallo en son temps. Non pas par faiblesse, mais parce qu’il avait saisi que l’environnement politique et social exigeait une nouvelle dynamique. Cette décision fut un acte de lucidité, de courage, et de vision.
Pourquoi, dès lors, refuser aujourd’hui de renouveler cet acte de transmission ?
Pourquoi considérer comme hérésie toute idée de relève, de transition, ou de redéploiement stratégique ? Est-ce là une trahison de la mémoire des anciens ou une volonté de confisquer le parti à des fins personnelles ? L’histoire, elle, répondra à cette question avec la rigueur qui la caractérise.
Immobilisme ou loyauté : le faux débat Ceux qui, aujourd’hui, s’opposent systématiquement à toute recomposition politique, prétendant agir au nom de la « loyauté », confondent la fidélité aux principes avec un attachement rigide à une personne. Ce que certains nomment fidélité n’est souvent que résistance au changement, peur de perdre un statut, ou refus de regarder la réalité en face : celle d’un électorat en mutation, d’un contexte en mouvement, et d’un leadership qui n’a pas su s’adapter à temps.
L’UFDG ne peut survivre à cette époque qu’en se réinventant. Ceux qui entravent cette transformation au nom d’un conservatisme mal dissimulé portent une lourde responsabilité dans l’essoufflement de la dynamique populaire autour du parti.
Le courage de rassembler, l’intelligence de renouveler Rejeter des cadres compétents sous prétexte de parcours différents ou d’épisodes de dissension politique est contre-productif. La politique est aussi faite de retours, de réconciliations, de convergences stratégiques.
Ce n’est pas trahir que de revenir avec la volonté de servir. Ceux qui servent le parti méritent d’y être accueillis, pas rejetés. C’est là le sens de la maturité politique et de l’intelligence organisationnelle. Ce droit de réponse n’est pas une attaque. Il est une alerte, un appel à l’élévation du débat, à la relecture lucide de notre trajectoire commune, et au refus des postures nostalgiques qui figent le parti au lieu de l’élancer.
En conclusion
L’UFDG est un bien collectif. Elle est l’héritière des sacrifices de milliers d’hommes et de femmes. Elle ne doit pas devenir un outil personnel, ni une citadelle verrouillée autour d’un homme. Ce sont les militants, le projet de société, les statuts, et les valeurs démocratiques qui doivent rester au cœur de l’action. « Quand les principes deviennent jetables, les traîtres s’imaginent en sauveurs. »
Mais quand le pouvoir devient une fin en soi, les conservateurs deviennent les fossoyeurs de l’espoir collectif.
Par Mohamed Banks BANGOURA MEMBRE DU CERAG- UFDG