Il est un adage bien connu que stipule : «Qui ne veut pas entendre doit sentir.» À l’heure où la campagne pour les élections présidentielles s’intensifie, les propos de Tibou Kamara résonnent tel un écho dans un couloir vide, un appel à la reflexion qui, sous couvert de critique, empile banalités et affabulations, tout en omettant la réalité complexe du paysage politique guinéen.
Derrière une plume acérée, se profile un homme dont l’ambition ne connaît guère de limites, prêt à embrasser tout régime qui lui promet une place au soleil. Tibou Kamara, ce stratège averti, déploie son art de la démagogie, non pas pour éclairer le chemin des citoyens, mais pour se positionner lui-même comme un jeu d’échecs vivant sur le tableau du pouvoir. « Le critique est le héros du jour », semble être son mantra, alors que son comportement rappelle davantage celui d’un mercenaire de la plume, affamé de postes et de prébendes.
Tout en s’érigeant en gardien des valeurs républicaines et derechef en donneur de leçons, il omet une réalité cruelle : la critique souvent acerbe qu’il délivre à l’égard des prétendants à des postes politiques masque ses propres faiblesses et contradictions. À l’instar de ceux qu’il dépeint comme des acteurs louches, Tibou se présente comme la voix de la moralité tout en manœuvrant dans l’ombre, à la recherche de sa propre « assurance-vie ». Son mépris pour ceux qu’il considère indignes semble, en vérité, n’être qu’un reflet de son propre désir d’impunité.
Il est aisé de blâmer ceux qui osent entrer sur l’arène politique, en les qualifiant d’impopulaires ou d’irrévérencieux. Mais, si ses critiques portent un fondement, c’est dans l’auto-analyse qu’il doit commencer. Qui, parmi ceux qui se lancent dans la course à la présidentielle, peut se vanter de ne jamais avoir couru, même par le passé, derrière un parrain ou un pouvoir en place ? Qui parmi eux n’aurait cherché une opportunité pour améliorer leur sort ?
Derrière les mots de Tibou se cache une forme de couardise, une peur des conséquences d’un engagement réel. Il se présente comme l’âme de la vigilance, mais son récit omet de s’interroger sur le rôle actif qu’il joue au sein de ce paysage politique en constante mutation. S’il se permet d’exiger la moralité, il devrait également se questionner sur la sienne propre, car dans cette danse désordonnée du pouvoir, toute plume a un prix.
Tibou Kamara semble avoir oublié que dans chaque critique, il y a une part de responsabilité. Une critique sans fondement ne vaut guère mieux qu’un écho sans source. Alors qu’il fustige ceux qui cherchent leur place au sein du système, il risque d’ignorer que le véritable changement exige des acteurs, et non des observateurs passifs.
La dynamique actuelle du pouvoir et de l’opinion publique transcende les seules batailles personnelles pour le pouvoir. En effet, le défi est d’impulser une véritable réforme, qui ne pourra jamais se matérialiser si ceux qui détiennent le stylo restent des spectateurs anonymes sur la scène politique.
Enfin, nous nous trouvons à un carrefour où la voix du critique, si elle n’est pas accompagnée d’actions concrètes, ne servira qu’à rendre le débat stérile et à maintenir un statu quo dans lequel les véritables opportunistes prospèrent, masqués derrière des intentions de rédemption. C’est à ce titre que l’on se doit de hurler à la vérité, à la lucidité et à l’action. Si Tibou souhaite véritablement la transformation, il doit commencer par se transformer lui-même, et faire des choix qui reflètent une éthique politique authentique, loin du mercenariat qu’il semble incarner.
Billy KEITA, citoyen en méditation mais passif






